Jean Belotti revient, dans le même style personnel qui ne laisse jamais indifférent, avec un nouvel ouvrage conçu comme un plaidoyer pour une profession qui a fait naître plus d’une légende ou idée fausse.
La première partie de l’ouvrage, la plus importante, passe en revue les différents aspects du métier de pilote de ligne. Un vol-type y est décortiqué en revenant sur les modes de formation, les spécificités du métier, et bien sûr ce qui semble le plus passionner les titulaire d’une carte de Presse… les salaires. Très complet, c’est plus un rapport de synthèse qu’un ouvrage qu’on emmènerait avec soi en vacances... On lira avec un intérêt particulier le passage où l’auteur se penche sur un concept à la mode, le "principe de précaution", dont il montre avec justesse qu’il s’applique lorsqu’on ne "sait pas", alors que le transport aérien repose sur un principe de prévention qui prend en compte des événements possibles et leur probabilité de survenue. Ces notions prennent toute leur valeur dans la suite qui est consacrée aux accidents aériens, à leurs causes comme aux enquêtes qu’ils entraînent.
Suivent un certain nombre de témoignages dont le but est d’illustrer les considérations théoriques précédentes. Tous tendent à prouver que malgré la complexité croissante des automatismes et autres aides mises à la disposition des pilotes, il n’en reste pas moins à ceux-ci de devoir faire preuve d’esprit de décision face à certaines situations qui n’avaient pas été envisagées comme probables dans le calme des bureaux d’études. Jacques Rosay ne dit pas autre chose dans son récent ouvrage consacré à l’A 380. Malgré les prophéties de certains fantaisistes, les pilotes de ligne ont plus à craindre pour l’avenir de leur profession d’une possible pénurie des produits pétroliers que d’un surplus d’électrons !
On regrettera peut-être que plusieurs de ces exemples proposés mettent en scène des pilotes militaires dans un environnement qui s’éloigne des conditions de l’aviation commerciale d’aujourd’hui, sans oublier non plus que la science de l’analyse des vols pratiquée par toutes les compagnies aériennes va plus loin que la simple diffusion du témoignage des acteurs d’un incident.
Il n’en reste pas moins qu’un tel ouvrage est certainement utile aujourd’hui, tant cette profession et même l’ensemble de l’exploitation des appareils qui transportent des millions de passagers chaque année restent méconnues. Dense et un peu ardu, il offre au lecteur une grande quantité d’informations dans un style dépassionné.
Pierre-François Mary
164 pages, 17 x 25 cm, couverture souple
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