Au début, le bruit ressemblait à celui d’un gros bourdon passant par là. Nul n’aurait pu croire, en entendant ce bruit si singulier, qu’il s’agissait d’une bombe. Mais les Londoniens apprirent vite que ce gros bourdon-là piquait fort et faisait mal, sans s’annoncer. Après les cauchemars de la Bataille d’Angleterre et des débuts du Blitz, les Britanniques allaient devoir affronter un ennemi moins terrible en apparence mais tout aussi meurtrier : le V1.
Ces bombes volantes sans pilote, qui préfiguraient les missiles balistiques intercontinentaux modernes, faisaient partie du programme des armes spéciales du IIIe Reich, moins coûteuses en hommes et en avions de combat, mais néanmoins efficaces. Le V1, premier du genre et aussi le plus rustique, fut vite synonyme en Angleterre de mort par surprise tant les attaques étaient imprévisibles, soudaines et meurtrières.
Le déploiement des sites de lancements de V1 sur le continent face à l’Angleterre était bien évidemment un élément stratégique important et c’est à la découverte et à l’étude de ces sites que nous invite Laurent Bailleul dans son deuxième ouvrage sur les sites de V1, cette fois-ci consacré à la Picardie, après celui consacré aux sites V1 en Flandres et en Artois.
Dans un livre abondamment illustré de sources très diverses, Laurent Bailleul commence par un chapitre technique très exhaustif sur le V1. Il présente ensuite avec force détails les sites de lancement recensés ou non en Picardie et propose bien souvent des photographies contemporaines des sites, ou les Picards médusés pourront découvrir que ce qu’ils croyaient être un banal blockhaus est en fait un poste de commandement de bataillon de V1 ou une Einsatzstellung, un poste de tir actif. La classification des différents sites et des différents types d’installation fait l’objet du dernier volet de cet ouvrage très riche, surprenant de détails et d’informations.
Le passionné d’aviation classique, qui aime les manches à balai et l’huile de moteur, et pas les drones impersonnels, aurait bien tort d’un peu mépriser ces sites et un ouvrage excellent et passionnant, fruit d’un long travail de recherche quasi-professionnel de la part d’un Laurent Bailleul qu’on pourrait presque soupçonner d’être un vétéran d’un bataillon de V1, tant sa connaissance du sujet est complète.
Les V1 sont clairement les premiers exemples, réellement opérationnels et utilisés au combat, d’un mode d’action aujourd’hui considéré comme l’avenir de la guerre aérienne, à savoir les drones de combats sans pilotes, UCAVs dans la terminologie militaire anglo-saxonne, qui font parler d’eux sur les théâtres d’opérations et qui pourraient à l’avenir remplacer, en tout ou partie, l’aviation de combat
Timothy Larribau
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