1978 est marquée par le décès de Maurice Tillieux, un des piliers du Journal de Spirou, et par le changement de direction du magazine. Arthur Piroton, dessinateur de Jess Long, est donc disponible, et le nouveau rédacteur en chef Alain de Kuyssche veut relancer Michel et Thierry, aventures de deux aéromodélistes que Piroton dessinait dans les années 1960. Las, son scénariste de l’époque, Charles Jadoul, n’est plus vraiment disponible ; c’est donc Mittéi qui écrit les textes d’une nouvelle série dans l’univers de l’aéromodélisme, Les casseurs de bois.
Loin d’être un inconnu à l’époque, Mittéi connaît son affaire. Le premier épisode, chargé de présenter les personnages, peut faire sourire par ses rebondissements faciles et son happy end étonnant, mais les deux suivants sont de bien meilleure tenue : ils alternent construction de modèles réduits, avec des explications simples et claires, et intrigues policières enlevées, qui rappellent certains épisodes des Petits hommes (que Mittéi scénarisait à l’époque) ou de Tanguy et Laverdure.
Uderzo (dans ses œuvres réalistes) et Giraud, entre autres, s’étaient déjà inspirés du style comics ;
Piroton en fait autant, avec le même succès.
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Place du Sablon
Aux pinceaux, le style de Piroton, assisté au alors jeune Francis Carin, est aisément reconnaissable. Avec Jess Long, il avait montré sa capacité à reprendre les codes graphiques des comics, de larges aplats et des ombres méthodiquement placées faisant ressortir les volumes. Après une mise en place un peu claire, il démontre une nouvelle fois sa maîtrise à partir du deuxième épisode ; si le résultat peut surprendre dans des albums franco-belges, il faut reconnaître que la fusion entre l’école de Marcinelle et le style américain est une réussite.
Quatre décennies plus tard, les standards narratifs ont un peu évolué et la résolution des intrigues paraît un peu simple – il faut dire que les histoires ne dépassent pas 32 planches. Mais cela reste bien mené, graphiquement réussi, et cette édition intégrale séduira les passionnés d’aéromodélisme, les amateurs de séries pour adolescents… et ceux qui y retrouveront un peu de leur jeunesse !
Franck Mée
96 pages, 24 x 32 cm, relié
0,858 kg
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Place du Sablon
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