Les biographies du monde aéronautique sont pour leur majorité consacrées aux grands noms de l’aviation, ceux qui le plus souvent ont fait les titres de l’actualité de leur temps. Elles s’attachent aussi parfois à des individus plus discrets car moins exposés par leur fonction en bureau d’étude ou de logistique. Certains magazines complètent l’étendue de l’exercice par des articles consacrés à des seconds, voire des troisièmes couteaux parmi lesquels les rampants sont très rares. Aussi, quelle ne fut pas notre surprise de voir un livre consacré à l’un d’eux !
Saluons donc les éditions de l’Officine et Roland Puillet d’avoir su œuvrer ensemble pour nous faire découvrir cet homme de l’ombre dont les qualités personnelles lui firent non seulement côtoyer, mais aussi accompagner, quelques unes des célèbres figures de l’aviation des années 1930 à 1950. Au point de voir son nom figurer lui aussi sur des articles de presse.
Habituellement, les publications qui se penchent sur les mécanos le font un peu pour leur carrière, voire… uniquement pour leur album photo conséquent, fruit de décennies au contact privilégié d’un riche panel d’avions variés que les temps actuels rendent illusoire à retrouver. Julien Puillet prit peu de photos et, ayant fait toute sa carrière au service du même constructeur, on y voit moins de variété dans les silhouettes dont il eut la charge. Mais son fils ayant reconstitué un journal de son périple vers Madagascar, c’est ce récit qu’il nous fait partager avec un vocabulaire qu’il s’est attaché à conserver. Au point de croire utile d’avertir le lecteur que certains termes n’ont pas l’acception qu’ils ont aujourd’hui. Sage précaution pour les plus jeunes lecteurs, mais on comprend vite par ses remarques que Julien Puillet est d’un respect d’autrui supérieur à la moyenne de son temps. Le récit, limpide, est en opposition avec une courte introduction un peu rêche, digne d’un mémoire de thèse. La seconde partie, moins rédigée, n’en est pas moins intéressante par les noms célèbres que fréquenta Julien Puillet, les épreuves et rallyes auxquels il participa durant la majeure partie de ses années de métier et des quelques précisions encadrées que son fils y ajoute.
Un beau parcours assez original, comme il n’en est plus, la fiabilité des motorisations et le développement des infrastructures rendant désormais inutile un mécanicien sol à bord d’un appareil. Un témoignage rare qu’il serait dommage de manquer à l’heure où même les mécaniciens navigants tendent à disparaître du monde aéronautique.
François Ribailly
192 pages, 16 x 24 cm, broché
73 clichés N&B
15 documents en couleurs et cartes en N&B
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