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mise en ligne: jeudi 15 décembre 2016



Les Français sous les bombes alliées
1940-1945

Andrew Knapp

 
   

 

 

Venu au Havre en 1979, l’historien Andrew Knapp découvrit incidemment avec surprise des photos de la ville détruite à la fin de la guerre, surprise renforcée par son impossibilité à trouver le moindre ouvrage consacré à ce thème. Revenant une vingtaine d’années plus tard pour tenter d’en savoir plus, le très bon livre publié par le havrais Eddy Florentin révélait au chercheur l’ampleur des bombardements sur l’ensemble de la France, ouvrant la perspective de recherches bien plus longues qu’il ne l’imaginait, que l’occasion de travaux communs avec son collègue Richard Overy sur le thème plus général des bombardements alliés sur l’Europe rendait incontournables.

Si l’écrivain havrais s’était attaché à faire sortir de l’oubli le martyre des populations de nombreuses villes françaises à partir des archives locales et des témoignages qu’il avait pu rassembler, l’historien britannique a souhaité aborder le sujet d’une manière plus globale, en confrontant les deux côtés de l’affaire.

Un premier tiers de l’ouvrage est consacré à la campagne de bombardements organisée contre des objectifs situés sur notre territoire par la Royal Air Force, puis à partir de 1942 par les forces aériennes américaines, organisé en une série de chapitres traitant chacun d’un type d’objectif, mais suivant une trame presque chronologique, laquelle permet habilement de traiter en même temps un certain nombre de sujets de manière synthétique. L’histoire apportant comme d’habitude plus de questions que de réponses, certains lecteurs en seront probablement pour leurs frais s’ils espèrent y trouver la confirmation d’une plus grande "humanité" des équipages britanniques comparés aux Américains.

On lira avec intérêt l’introduction dans laquelle l’auteur nous rappelle utilement quelques chiffres, même s’il est bien entendu que la douleur des victimes et de leurs proches ne sera jamais quantifiable : la France reçoit 20 % des bombes alliées entre 1940 et 1944 (l’Allemagne 50 %...), sept fois plus que les bombardements allemands sur la Grande Bretagne mais qui font autant de victimes ; de nombreuses attaques sur la France concernent des objectifs militaires, ce qui explique en grande partie le caractère plus meurtrier des bombardements sur l’Angleterre et l’Allemagne. Au total, on estime aujourd’hui que ces bombardements ont fait de l’ordre de 50 à 60 000 morts, chiffre important quand on le compare au total des 400 000 victimes françaises de la guerre ; 80 % des bombardements ont lieu en 1944, tuant 70 % du total des victimes et détruisant 10 à 15 % des habitations.

À la fin de cette première partie, Andrew Knapp nous donne plusieurs pistes pour tenter de comprendre cette campagne de bombardement, en montrant qu’une fois de plus l’histoire ne peut pas toujours donner des réponses définitives : pour les Alliés, chaque attaque a une raison militaire ― ce qui est après coup parfois discutable, mais comme souvent à d’autres époques, les capacités des matériels sont largement surévaluées ; et si les responsables politiques britanniques ― Churchill en tête ― sont beaucoup plus attachés au sort des populations civiles françaises que leurs collègues américains, ils finiront par lâcher la bride sur le cou des états-majors sous la pression des événements ; dernière raison moins connue et pourtant logique, le surdéveloppement des flottes de bombardiers lourds dans le sillage des thèses douhetiennes d’avant-guerre conduira à un nombre insuffisant de bombardiers moyens, qui auraient "traité" plus efficacement les objectifs français.

La deuxième partie de l’ouvrage est probablement encore plus novatrice, en se penchant sur la défense passive et active du pays, ainsi qu’au comportement des Français. On y découvre avec surprise un programme de défense passive très (trop ?) ambitieux de la part des autorités françaises ― reconnu comme tel à l’étranger, qui a reçu ― ironie de l’histoire ― un coup d’accélération au début des années trente sous la présidence du Conseil de Pierre Laval en collaboration avec le Maréchal Pétain ! Malheureusement, derrière une organisation complexe, les moyens tardent à venir et il paraît difficile d’y intéresser les Français. Suivant une qualité qu’on voudrait leur attribuer, ceux-ci sauront trouver des ressources surprenantes quand ils seront confrontés à l’épreuve, sachant compenser les moyens dérisoires que leur comptent les autorités d’occupation qui entendent avoir toute autorité sur la défense de la France, qu’elle soit active ou passive, mais en déléguant ― à ses frais ― la deuxième aux autorités françaises, se gardant le contrôle d’une DCA peu nombreuse qui fera considérer un temps les missions sur la France par les équipages alliés comme une forme d’entraînement, même si à la fin de guerre, les pertes au-dessus de notre pays auront été proches de celles sur l’Allemagne.

L’ouvrage se clôt sur une étude passionnante du comportement et du moral de nos concitoyens qui, jusqu’à la fin de l’année 1943, considèrent encore largement ces attaques comme un mal nécessaire à la libération du pays. Les choses commencent alors à évoluer avec le début des attaques de préparation du Débarquement dont l’objectif militaire peut paraître moins évident et qui nous l’avons vu seront les plus meurtrières, en visant de nombreuses cibles proches des agglomérations. Mais paradoxalement, la propagande de Vichy ne parviendra jamais à retourner les opinions en sa faveur, ne pouvant effacer de l’esprit des Français la victoire probable des Alliés et les déportations du STO. Comment ne pas oublier par ailleurs que si des dénonciations auront lieu, un très grand nombre de navigants alliés seront cachés et "exfiltrés" par des Français jusqu’à la fin de la guerre.

Si cet ouvrage peut être considéré comme marginalement aéronautique, il nous n’en paraît pas moins indispensable à la compréhension du déroulement des combats au-dessus de notre pays, et même plus généralement à celle des opérations aériennes pendant la Seconde Guerre mondiale, d’autant plus face à une histoire aéronautique aux tendances mémorielles qui voudrait résumer ces bombardements à des équipages héroïques et des nose arts sur un fond de musique de Glenn Miller…

Ce livre est déjà une référence incontournable qu’il faut ranger à côté de la nouvelle histoire de la guerre aérienne entre 1939 et 1945 due à son collègue et ami Richard Overy, dont nous avons également dit la grande valeur.

Pierre-François Mary


592 pages, 16,6 x 23 x 3,2 cm , broché
cahier photos 8 pages
0,790 kg


 

Références:

Les Français sous les bombes alliées
1940-1945

Andrew Knapp

Éditions Tallandier

ISBN 979-1-02100-461-0

23,90 €







Éditeur et auteur

Coordonnées de l'éditeur :
- Tallandier


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- Agent secret de Churchill
- Des Anglais dans la Résistance
- Dictionnaire universel de l’aviation
- Diên Biên Phu
- La bataille d’Angleterre
- Libérez Tombouctou !
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- Tombés du ciel

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