Publié par l’Association pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique, ce livre de 300 pages apporte une pierre importante à la connaissance de l’armée de l’Air de l’après deuxième guerre mondiale. Il s’agit même d’une triple monographie, puisque l’auteur aborde le passage sous nos cocardes du Thunderjet, du Thunderstreak et du Thunderflash, ce qu’évoque parfaitement la composition de la couverture, due à l’auteur, également connu comme illustrateur.
Chaque modèle occupe un tiers de la pagination et on commence logiquement par les F-84E et G, puis on passe au 84F et le livre s’achève sur la version de reconnaissance photographique. L’entame du livre peut surprendre, elle frise un peu le hors-sujet, évoquant le Thunderjet dans l’OTAN. Plusieurs digressions similaires au cœur du récit peuvent également dérouter. Une introduction à visée géopolitique fait réellement commencer le livre en page 9. Pour chaque modèle, une description technique est suivie d’une chronologie par Escadre de Chasse ayant utilisé l’avion, commençant par le Centre de Transformation F-84, s’achevant par les unités « annexes ». Quelques tableaux synthétisent les codes d’unités selon les périodes, ainsi que les appareils utilisés par escadron (serial number et codes portés quand les correspondances sont établies).
L’iconographie est abondante, avec une majorité de noir & blanc, ce qui peut se comprendre aisément, la pellicule couleur n’était pas si courante à l’époque des faits relatés. Elle est complétée par des profils en couleurs de l’auteur ainsi que des vues en plan, qui détaillent bien camouflages, décorations et marques portées par les F-84. Pas d’autres items graphiques pour diversifier la présentation, comme extraits de journaux de marche et documents personnels.
L’opération Mousquetaire, autrement dit l’affaire de Suez en 1956, occupe bien évidemment une bonne partie de l’ouvrage, Thunderstreak et Thunderflash ayant pris une bonne part des missions demandées aux forces françaises. Quelques témoignages de pilotes émaillent le texte descriptif de Jean-Jacques Petit, ainsi que des extraits de la presse de l’époque, comme « aviation magazine »
Il faut parfois s’y reprendre à deux ou trois fois pour comprendre certains passages. Certaines petites erreurs de compositions ou d’impression auraient pu être évitées (des paragraphes transposés, publiés deux fois, des lettres manquantes). Il est également toujours gênant de tourner une page pour lire la légende des photographies.
Le livre ne contient ni sommaire ni index, et pas d’annexe avec tous les F-84 en service dans l’armée de l’air, avec les dates, les affectations et la vie de chaque appareil. Aucune source n’est citée, juste quelques unités et individus sont indiqués dans un paragraphe remerciements assez expéditif.
Ce livre complète donc un vide important dans les bibliothèques consacrées à l’armée de l’air après 1950. Avec un ton souvent familier, qui fleure bon le bar de l’escadrille où les pilotes discutent le coup, Jean-Jacques Petit éclaire utilement un grand pan de l’histoire de nos cocardes et met à l’honneur le F-84, « bon soldat » qui n’a jamais eu le glamour de son grand rival le F-86 Sabre. Cette étude fournie rééquilibre la balance.
Jocelyn Leclercq
290 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple, 1,250 kg
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