Michel Marchais est loin d’être parmi les plus médiatiques intervenants du monde aéronautique. Pourtant son œuvre est encore dans toutes les mémoires : Michel Marchais est le créateur, le fondateur, de la compagnie aérienne Touraine Air Transport.
Au début des années 70, cette petite compagnie à vocation régionale commence à déployer ses ailes et à obtenir, au bout de quelques années, un rayonnement national. Ses Fokker 27 et 28, et plus tard ses ATR, vont sillonner la France sur des lignes transversales pendant des années. Pour économiser, et pour garantir la rentabilité de l’entreprise, la TAT va ouvrir ses propres ateliers d’entretien qui finissent par accueillir les avions d’autres compagnies.
Avec une très bonne réputation, ces ateliers vont assurer à eux seuls la rentabilité de l’ensemble du groupe et finalement la TAT va abandonner l’exploitation des lignes pour ne devenir qu’une entreprise d’entretien d’aéronefs, ce qu’elle est toujours. Aujourd’hui, renforcée par l’acquisition de SABENA Technics et SOGERMA Services, elle est un intervenant discret mais essentiel de l’industrie aéronautique européenne.
Pour arriver à ce résultat remarquable, il a fallut à Michel Marchais beaucoup de ténacité, une bonne dose d’opportunisme et un peu de chance. Aujourd’hui âgé de 75 ans, il se penche sur son parcours et nous le livre.
Homme d’affaires, Michel Marchais ne fait pas dans la littérature et son livre est à cette image : direct, sans emphase, il va à l’essentiel. En homme pressé, il ne perd pas de temps en détails inutiles et il faut bien le dire, pour raconter trente ans d’aventure industrielle en 200 pages, c’est un impératif.
Reste que tout ceci est quand même bien court, et qu’on aurait apprécié que certains sujets soient approfondis, car les sujets évoqués sont souvent d’un intérêt primordial pour qui s’intéresse à l’aviation commerciale. En effet, le sous-titre nous l’indique "la fin des monopoles, un mythe" !
Sa vie durant, avec TAT, Michel Marchais n’a eu de cesse de vouloir faire exister sa petite compagnie en face des géants qu’étaient à l’époque Air Inter, UTA et surtout Air France. Aujourd’hui, depuis la déconfiture d’AOM-Air Liberté, il ne reste plus que la compagnie nationale et pour survivre, les petites compagnies privées (Protéus, Brit Air…) ont été obligées de signer des accords dans lesquels elles ont perdu un peu de leur indépendance.
Même si il n’est pas rédigé dans cette optique, l’ouvrage de Michel Marchais est un constat un peu amer où il s’avère que ce qui a sauvé la TAT est son changement d’activité. Un comble !
Ce livre est donc à découvrir pour comprendre comment, aujourd’hui dans notre pays, il n’y a plus qu’une seule compagnie aérienne digne de ce nom, et en quoi ce monopole peut s’avérer dangereux.
Frédéric Marsaly
210 pages, 15 x 23,5 cm, broché
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