Passer son brevet de pilote de planeur est une chose. Poursuivre ensuite un entraînement en vol à voile pour progresser et réaliser ses propres performances en est une autre et, quelque soit le pays, les échecs rencontrés et le manque d’encadrement conduisent à de nombreux abandons. Pour franchir ce cap, les Anglo-Saxons sont très friands de guides d’entraînement au vol à voile sportif. Il suffit de consulter au fil des années ce que furent et ce que sont les catalogues de livres de la SSA et de la BGA, les fédérations américaine et britannique, pour s’en persuader. Bernard Eckey est un peu saxon, un peu anglo, puisque breveté pilote en Allemagne et implanté professionnellement en Australie. Il a voulu coucher sur le papier ses connaissances et la méthode qu’il a enseignée pendant des années pour pouvoir avancer efficacement vers cette pratique sportive, en espérant ainsi fidéliser les apprentis vélivoles. C’est ainsi qu’est né Advanced soaring made easy, le summum parmi ces guides.
En France, un tel manuel n’existait pas. La traduction et l’adaptation aux contraintes européennes de la 3e édition de cet ouvrage ont été en 2015 l’œuvre de Jo Lanoë. C’est un livre imposant par son apparence, couverture rigide, belle reliure, papier glacé de haute qualité et nombreuses illustrations en couleur, et par son contenu, sur lequel nous allons nous pencher.
Pour savourer pleinement ce travail, nous allons vous proposer une démarche un peu surprenante. L’ouvrage commence par une quinzaine de pages, numérotées en chiffres romains minuscules, avant d’entrer dans le vif du sujet, 370 pages classiquement référencées par des chiffres arabes. Notre conseil est pour l’instant de sauter ces pages d’introduction. Faites-nous confiance, nous vous expliquerons pourquoi un peu plus tard. Passons directement au fond du sujet.
Là, vous serez comblés. Dans une démarche très pédagogique, partant du plus simple pour amener ceux qui le veulent au plus complexe, l’auteur nous guide au travers d’une grande somme de connaissances, dans de multiples domaines, pour nous enseigner tout ce qui est nécessaire pour appréhender le vol à voile jusqu’au plus haut niveau. Il utilise un système de codes graphiques pour souligner ce qui est important, ce qui risque d’être trop technique, ce qui dépend des régions du globe ou ce qui relève de l’anecdote personnelle. La liste des chapitres est édifiante : entraînement en vol local, météorologie, préparation d’un vol de distance, sortie du vol local, maîtrise du vol de distance, force psychologique, performance en compétition, perfectionnement technique, atterrissage en campagne, exploitation de l’effet de pente, systèmes ondulatoires et bien sûr sécurité. Chacun de ces chapitres est décomposé en un grand nombre de sous-chapitres, cela peut aller jusqu’à 32. C’est donc une véritable encyclopédie du vélivole qui nous est proposée. Cette somme savante de savoirs et de méthodes est illustrée par de nombreux tableaux et schémas provenant des meilleures sources mondiales avec qui Bernard Eckey a choisi de travailler. Les photos sont par contre là juste pour enjoliver l’ouvrage, et n’ont aucun rapport avec les pages qu’elles décorent. Les textes, eux, sont d’une grande qualité, que l’on devine à la fois dans la version initiale mais aussi dans la traduction/adaptation, hormis quelques fautes résiduelles.
Quand vous aurez fini de lire cette Bible du vélivole avancé, vous pourrez alors revenir parcourir les quinze premières pages. Au côté d’une table des matières indispensable pour revenir plonger dans l’ouvrage dans le futur, nous sont présentés une préface pour l’édition française, un premier avant-propos, un deuxième avant-propos, une page de remerciements, une de dédicace générale, une autre plus philosophique sur l’évolution des pratiques, une présentation de l’auteur et un mot dédié à sa famille. Si cet ensemble paraît un peu long et aurait gagné, soit à être condensé, soit à figurer en annexe pour ce qui est des travaux cités en référence, c’est surtout la forme qui mériterait une bonne relecture. Ces quelques pages comportent trop de fautes de français, de contresens et d’anglicismes mal traduits. Il est surprenant que ces feuillets n’aient pas eu droit au même traitement que la partie technique du livre qui, elle, est plus soignée. C’est pour cela que nous vous conseillons de ne pas commencer par là, mais si vous le voulez bien, d’y revenir en fin de lecture. Cela permet de ne pas avoir d’a priori, et de garder toute sa fraîcheur d’esprit pour apprécier la profondeur de l’ouvrage.
Mais ceci n’est qu’un détail, qui sera vraisemblablement corrigé lors d’une réédition. Ce qui est important à retenir, c’est qu’un ouvrage fabuleux est désormais disponible en français pour accompagner les pilotes dans ce bel univers du vol à voile, et qu’ils ne devraient pas s’en priver.
Jean-Noël Violette
386 pages, 19,6 x 27,6 cm, couverture rigide, relié
1,260 kg
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