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mise en ligne: mercredi 26 décembre 2007



Daniel Costelle
Le passeur de mémoire

Corinne Micelli

 
   

 

 

Avant-propos :
Le 1er janvier 2007, France 3 diffusait Lindbergh, l’aigle solitaire, documentaire signé Daniel Costelle. Ce documentaire est disponible sous forme de DVD.

À cette occasion, Daniel Costelle a aimablement accepté de rencontrer Corinne Micelli pour l’Aérobibliothèque, en dépit de délais très courts. S’il était encore nécessaire de présenter aux plus jeunes le talentueux et prolifique documentariste passionné d’Histoire, nous faisons figurer une filmographie succincte en fin d’article, filmographie bien plus éloquente qu’un long article, dans laquelle on retrouvera quelques chefs-d’œuvre bien connus des amateurs d’Histoire.

P.B.


Corinne Micelli : Ce film est totalement consacré à la vie de Charles Lindbergh. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Daniel Costelle : Isabelle Clarke et moi avions fait, en 2003, un film pour le centième anniversaire de l’aviation qui s’appelait Les Ailes des héros. À cette époque, nous avions trouvé que deux personnages émergeaient vraiment de notre histoire de l’aviation parce qu’ils étaient très riches d’enseignements et intéressants à tous points de vue. C’étaient Charles Lindbergh et Amelia Earhart. Lindbergh présentait un double intérêt : d’une part, d’avoir accompli un exploit prodigieux pour l’époque, et d’autre part d’avoir vécu le siècle. Il est né avec l’aviation et il a traversé le siècle pratiquement. Quand je dis qu’il a vécu le siècle, ce sont non seulement les années mais également toutes les histoires du siècle.

Il y avait là matière pour les gens qui aiment l’aviation et à ce sujet, je tiens à rendre hommage à Michel Bénichou, qui est le rédacteur en chef de la revue Le Fana de l’aviation. Michel Bénichou avait écrit un livre, Lindbergh, l’oiseau volage paru aux éditions Larivière, et c’est son livre qui nous a servi de base pour construire le film.

C.M. : Vous abordez tous les aspects de la vie de Lindbergh : son enfance sans affection, son exploit, le kidnapping de son fils aîné, son attirance pour les nazis, sa rédemption après Pearl Harbor et enfin son combat pour sauver la planète. Quelle est la période qui vous a le plus marqué ?

D.C. : De loin, c’est son exploit. Et nous avons voulu transformer l’exploit de Lindbergh en un exploit technique d’aujourd’hui, car nous avons reconstitué son vol en images de synthèse, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Ce fut à la fois l’exploit de Lindbergh et le nôtre. Cela a été très compliqué, très difficile à réaliser, dans la lignée des jeux vidéos et simulateurs de vol. D’autre part tout le film est colorisé ; j’attache énormément d’importance à la colorisation.

Je pense que les cameramen d’actualités, les réalisateurs ou tous ceux qui ont fait du cinéma au cours des années soixante et soixante-dix ont regretté de travailler en noir et blanc. Le couleur donne le relief et la beauté. Le noir et blanc est une amputation. Isabelle Clarke et moi avons énormément travaillé sur la colorisation des scènes. C’est très sophistiqué sur le plan technique et cela demande un énorme travail d’historien pour indiquer les couleurs. Un avion de 1930 possède un certain camouflage qu’il faut respecter. Il existe deux grands centres de production dans le monde, un aux États-unis et l’autre en France.

Mais je reviens sur le personnage de Lindbergh. On n’est pas un héros pour rien. Il n’y a pas de hasard ni d’usurpation de l’héroïsme. C’est vraiment un héros. Ce qu’il a fait est vraiment incroyable. Je ne sais pas si c’est facile de tenir 33 h 30 sans dormir. Il y a là un côté surhomme. De plus, Lindbergh est un jeune homme qui est beau, jeune et admirable qui possède en même temps une formidable maîtrise des événements.

Charles Lindbergh pose avant son exploit devant le Ryan "Spirit of Saint Louis", sur le terrain de Curtiss Field, près de New York (AAHS)

C.M. : Comment percevez-vous ses rapports avec les nazis ?

D.C. : En ce qui concerne les nazis, il n’est pas le seul dans ce cas. Il faut voir comment était l’attraction de cette force, l’attraction des uniformes et du mécanisme nazis. C’était quelque chose qui était très partagé dans le monde. Le constructeur d’automobile Henry Ford et bien d’autres personnes de cette époque avaient une sympathie très marquée pour les nazis. Ils étaient impressionnés par le redressement spectaculaire de l’Allemagne. D’ailleurs, Lindbergh avait fait le voyage en Allemagne et il dit dans le film « Quelles merveilles, cet ordre et cette discipline allemands par rapport à ce que j’ai vu en France ! ». C’est, évidemment, un côté très noir, impardonnable.

On peut aussi critiquer Lindbergh pour sa conception de la vie conjugale et d’une manière générale, pour les rapports qu’il entretient avec les femmes, notamment la sienne. Lindbergh a ses côtés très désagréables mais, encore une fois, l’important réside dans son exploit. Si le thème du film est : « comment a-t-il pu survivre à son exploit ? », le vrai but est de montrer la force et la beauté de cet exploit. Alors évidemment, c’est une aventure qui a des côtés politiques et violents mais c’est tout de même une belle histoire.

C.M. : Pensez-vous que Lindbergh est représentatif de ce XXe siècle qui a connu dans de bouleversements et de drames ?

D.C. : Lindbergh, en effet, est représentatif du siècle qu’il a vécu dans les meilleurs et les pires moments. Ceux qui ont vu le film disent qu’il est formidable. Mais c’est le XXe siècle qui est formidable et très spectaculaire.

C.M. : Que retiendrez-vous de la vie de Lindbergh ?

D.C. : Vous savez, je suis un réalisateur, et ce qui me fascine chez Lindbergh, c’est son côté réalisateur. Il a décidé de faire quelque chose qui est sans équivalent aujourd’hui. Le dernier exploit qui ait vraiment remué la planète c’est Armstrong sur la Lune. Et même, ce premier pas d’Armstrong sur la Lune n’a pas eu le même retentissement mondial que l’arrivée de Lindbergh à Paris en 1927. Mais on pouvait se dire en même temps que si les hommes étaient capables de réaliser quelque chose d’aussi extraordinaire que de voler de New York à Paris, ils pouvaient tout faire, y compris le pire, c’est-à-dire, dévaster la planète.

C.M. : Oui, à la fin de sa vie, Lindbergh tient des propos désabusés sur l’aviation. Partagez-vous son opinion en tant que réalisateur de la série L’histoire de l’aviation ?

D.C. : Michel Bénichou vient de faire un livre remarquable sur Santos Dumont, très intéressant dans la mesure où cet aviateur s’est suicidé… pour toutes sortes de raisons mais surtout parce qu’ il ne supportait pas la façon dont l’aviation avait évolué. L’aviation a été conçue par des hommes généreux, des aventuriers qui n’auraient jamais imaginé que l’on puisse adapter une mitrailleuse dessus ou lancer des bombes pour la transformer en outil de guerre dévastateur.

C.M. : Quel message voulez-vous lancer à travers ce film ?

D.C. : Je tente de transmettre à travers tous les films que je réalise un message de paix. L’intérêt du film sur Lindbergh est d’insuffler de l’énergie à ceux qui le regardent. Je souhaite que ces gens-là se sentent mieux après l’avoir vu qu’avant, que ce film leur donne de l’énergie comme ces grands films américains qui sont basés sur l’exaltation, la force et la beauté. Ce qui doit rester du personnage : son exploit et sa beauté.

C.M. : Est-ce indiscret de vous demander le prochain sujet ?

D.C. : Pas du tout ! Isabelle Clarke et moi préparons une série de six films d’une heure pour France 2 qui racontera l’histoire de la seconde guerre mondiale, pour le 70e anniversaire de 1939. L’année 2009 sera donc riche de commémorations. Nous ferons cette série comme nous avons fait pour Les Ailes des héros et Lindbergh, l’Aigle Solitaire, en colorisant et en passant en haute définition. Le film passera sur écran large, la télévision de demain.

Propos recueillis par Corinne Micelli le 24 décembre 2007. Nous remercions Daniel Costelle pour l’entretien qu’il a bien voulu accorder à l’Aérobibliothèque.


Daniel Costelle : une filmographie succincte

- Les grandes batailles
- Les grandes batailles du passé
- Histoire des Jeux Olympiques
- Histoire des inventions
- Histoire de l’aviation
- Histoire de la marine
- Histoire des trains
- Histoire du rire
- Quel roman que ma vie
- L’épopée de la Croix-Rouge
- Le souffle de la liberté
- Quand la Chine s’éveillera
- Les Modernes
- Christophe Colomb ou la découverte
- Les oubliés de la Libération
- Images inconnues La guerre du Vietnam
- Jean-Paul II
- Les ailes des héros
- 8 mai 1945 : la Capitulation
- La traque des nazis
- Eva Braun, dans l’intimité d’Hitler
- Lindbergh, l’aigle solitaire


 

Références:

Daniel Costelle
Le passeur de mémoire

Corinne Micelli






Éditeur et auteur

Autres ouvrages de D. Costelle
- Histoire de l’aviation (3 DVD)
- Histoire des inventions (3 DVD)
- Images inconnues de l’aviation
- Les Ailes des Héros (DVD)
- Lindbergh, l’aigle solitaire (DVD)

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