À l’automne 1944, lorsque les forces alliées qui ont libéré la Normandie, puis Paris rejoignent celles qui ont débarqué en Provence et qui remontent la vallée du Rhône, cela crée un front secondaire au niveau des Alpes puisque le nord de l’Italie est encore occupé. La zone toujours tenue par les Allemands va se réduire comme peau de chagrin, mais jusqu’au bout, alors que le IIIe Reich chancelle au printemps 1945, les combats vont continuer autour du Mont-Blanc entre les troupes de montagne allemandes et les chasseurs alpins français. Cette Bataille des Alpes n’est pas la plus connue du grand public, et la contribution aérienne, qui va nous intéresser, l’est encore moins.
Nous avons pu découvrir ces interventions de l’Aviation des Alpes dans les travaux du regretté Jacques Moulin, parus dans la revue Avions. C’est aujourd’hui un auteur italien, Ivan Ferrando, qui nous présente une vision encore plus complète, puisque articulée également autour des combats au sol, dans ce Aerei spia nelle seconda Battaglia delle Alpi (Espionnage aérien dans la seconde Bataille des Alpes), et cette vision transalpine est très intéressante.
Bien sûr, il vaut mieux avoir quelques bases dans la langue de Dante, mais mes deux maigres années d’italien au collège, au siècle dernier, et de rares traduction en ligne pour quelques mots particuliers, m’ont suffit pour comprendre le texte. Il faut noter que l’auteur étant valdotain, et on parle bien le français au Val d’Aoste, de nombreuses citations ainsi que des extraits de livres de marche et d’opérations ou quelques compte-rendus sont présentés dans notre langue, ce qui facilite bien les choses.
Le sujet est peu commun, et Ivan Ferrando est lui-même un personnage atypique : il exerce la profession de garde au parc national du Grand Paradis, et ce travail historique est la publication d’un mémoire qu’il a présenté à l’université de Turin. Il rend particulièrement hommage, en français, à Jacques Moulin avec qui il a beaucoup échangé pour ces recherches.
L’ouvrage est une chronologie très précise des événements, des principaux combats jusqu’aux moindres escarmouches de ce qui ressemble souvent à une partie de cache-cache en haute montagne. L’appui de l’aviation, que ce soit par ses reconnaissances minutieuses ou parfois par une intervention armée (mitraillage, bombardement avec des grenades artisanales, largage de ravitaillement) est de première importance dans ce milieu difficile, dans le vent et les courants ascendants ou descendants des massifs, au milieu des nuages et parfois du mauvais temps, aux limites de la portance et de l’hypoxie. Cela va des premiers vols peu officiels au Fayet jusqu’à la constitution plus réglementaire d’une force aérienne, le Groupe 1/35 “Aviation du secteur des Alpes” puis à l’étendue des actions de cette formation à tout l’arc des Alpes du Nord voire à l’occasion avec des incursions plus méridionales.
Avec la prolongation des combats, interviennent parfois aux côté des frêles Morane-Saulnier Criquet du départ de plus puissants chasseurs, bombardiers et appareils de transport. Si, au début, tous les départs de font de Passy/Le Fayet, les missions partent ensuite de plus loin, Lyon-Bron, Satolas, Grenoble, Nice, etc.
Du fait de la quasi bi nationalité de cet ouvrage, on trouve quelques erreurs typographiques (la maîtrise du “œ” n’est pas évidente hors de chez nous, et le nom de Pierre Dubœuf, par exemple, en fait souvent les frais, avec quelques variantes (*)
Les photos sont évidemment rares en situation, mais complétées par des photocopies de carnets de vol et par d’autres clichés pris sur les bases de repli voire par des illustrations plus génériques pour montrer les types d’appareils. À noter au passage un doublon pages 8 et 35.
Cet ouvrage est donc un document qui s’avérera indispensable à tout chercheur intéressé par ces combats, au sol entre troupes d‘élite des deux bords ou en appui aérien. Personnellement, si les interventions aériennes m’ont bien sûr le plus intéressé, j’ai eu plaisir à apprendre quel était ce Roc Noir, lieu d’âpres combats lors de cette bataille et qui donne de nos jours son nom au quartier où est installé en Savoie le 13e Bataillon de chasseurs alpins.
Il ne vous reste plus qu’à travailler votre italien !
Spero che vi piaccia leggere questo libro.
Jean-Noël Violette
(*) Note : Dubef, Duboef, Budoef. On trouve aussi quelques petites erreurs franco-italiennes « skyeurs », « Saint-Laurent-du-Mure », montagne « La Môle » (au lieu de Le Môle) ou aéronautiques ( de saisie : P46 Thunderbolt ou d’identification, l’appareil à gauche page 44 est un Potez 43, et non pas un MS500).
ISBN : 9788897933748
Pages : 178 pages, 14 x 21,4cm, broché avec couverture souple
0,246 kg
Prix : 8,90 €
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